Les 3 kundalinis
par François Favre.
Depuis un siècle et demi environ, des chercheurs venus de tous les horizons s'intéressent au phénomène de la Kundalini et à son rôle dans l'évolution humaine. Son étude, tant sur le plan ésotérique que scientifique à suscité nombre d’opinions contradictoires et divergentes…
Pourquoi des explications contradictoires sur le rôle de la kundalini dans le corps humain ?
Traditionnellement on parle de « La » Kundalini…
(voir articles précédents).
Mais existe dans le corps trois centres : le bassin, le cœur et la tête. A chaque source correspond une méthode d’éveil particulière…Etudions ces trois méthodes d’éveil qui visent chacune à la formation d’un « homme nouveau » et auxquelles nous donnerons le nom d’ « initiation tantrique » (kundalini du bassin, la plus connue), d’ « initiation supramentale » (kundalini de la tête), et d’ «initiation christique» (kundalini du cœur, le feu du coeur).Nous nous attacherons plus particulièrement à la description de cette dernière…
Le yoga de la force ascendante
Originellement, le mot Kundalini appartient au lexique technique de l’ésotérisme indien et désigne l’énergie ophidienne lovée à la base de la colonne vertébrale, au sacrum. Les auteurs indiens lui donnent le nom de Shakti voient en elle la véritable source de l’énergie universelle, du feu cosmique. Cette fantastique énergie, que la plupart des cultures connaissent depuis toujours et honorent sous la forme du serpent, possède deux aspects : l’un manifeste l’existence ordinaire, l’autre nous conduit à la vérité suprême, dirigé vers l’extérieur, elle nous permet d’explorer le monde qui nous entoure ; éveillé dans le centre de la base où elle demeure, la « mère divine » nous révèle le monde intérieur, le monde spirituel.
La meilleure description que nous possédions de ce processus d’éveil spécifique nous est fournie par la philosophie du yoga, et plus particulièrement du hatha yoga. Hatha en sanscrit est composé de deux mots, « ha » et « tha », signifiant le soleil et la lune. Ces deux astres sont ici utilisés symboliquement pour représenter les deux courants nerveux circulant du côté droit et du côté gauche de la colonne vertébrale, à l’intérieur des nadis ou canaux subtils de pingala et ida. Le premier, masculin, créateur, est rouge et brille comme le soleil ; le second, féminin, réceptif, est jaune et diffuse une lumière semblable à celle de la lune. Leur fonction est d’assurer la circulation du prana (ki , qi) dans le corps. Quant à la nadi centrale autour de la quelle s’entrelacent les deux autres à la façon des deux serpents du caducée, elle porte le nom de sushumna et est désignée par les ésotéristes indiens comme la « rivière du paradis » ; de couleur blanche, elle a l’éclat du diamant. Pingala et ida se croisent six fois sur la sushumna et chacun de ces points de rencontre est appelé « chakra » (il existe encore un septième chakra, distinct des six autres et relié à la glande pinéale).Ces roue de feu « chakras » sont localisées respectivement à la hauteur du sacrum, du nombril, du plexus solaire, du cœur, de la gorge, du front et au sommet du crâne. Elles tournent plus ou moins vite mais toutes dans le même sens (de gauche à droite chez l’homme spirituel, de droite à gauche chez l’homme naturel).
La véritable fonction d’Ida et de Pingala est de conduire jusqu’à la base de l’épine dorsale les différentes énergies libérées par la maîtrise du souffle, afin d’ « exciter » la force de Kundalini qui gît là , à moitié inconsciente (les textes la représentent comme endormie au fond d’une caverne où brûle un feu à demi éteint ; l’essentiel des pratiques yoguiques consiste à souffler sur ce feu afin de le raviver). Sortant de sa léthargie, la Kundalini « se dresse en sifflant » et commence son ascension à travers la sushumna (à la manière d’un " serpent qu’agace le bâton du charmeur ") ; au cours de sa montée, elle perce les différents chakras qu’elle rencontre sur son chemin et s’unit finalement au sommet de la tête à l’esprit universel, qui vient à sa rencontre.
Il convient de noter que ce type de « processus kundalinien » apparaît clairement non seulement dans la littérature indienne, d’inspiration yoqique et tantrique, mais aussi dans le bouddhisme tibétain, le taoïsme ou l’occultisme, et qu’il est généralement basé sur l’utilisation de l’énergie sexuelle à des fins d’ « expansion de conscience » ou de « développement personnel ».
Comme nous allons le voir maintenant, cette interprétation classique du processus de la libération a été contestée à notre époque par différents enseignant spirituels, dont Sri Aurobindo (1872-1950) et Jan van Rijckenborgh (1896-1968). Le premier, d’origine indienne, basa son yoga intégral sur l’éveil de la Kundalini de la tête ; le second, d’origine hollandaise, enracinait sa pratique spirituelle sur l’éveil du cœur, de la Kundalini du cœur (en ce sens, il est proche de quelqu’un comme Ramana Maharshi).
Le yoga de la force descendante.
Aurobindo partait du principe que l’humanité était entrée depuis le début du vingtième siècle dans une nouvelle phase de mutation, qui rendait caduque les anciennes méthodes d’initiation basée sur l’éveil de la Kundalini dans le sacrum. Selon lui, l’ouverture des chakras, qui détermine la spiritualisation de l’homme, doit maintenant s’opérer à notre époque non plus de bas en haut (yoga de la force ascendante) mais de haut en bas (yoga de la force descendante). Une fois « réveillée », la force de Shiva, située au-dessus de la tête, pénètre dans le système humain par la porte de la pinéale (chakra coronal), descend dans le canal central de la moelle épinière (sushumna) et perce, lentement et doucement, les différents chakras pour s’unir finalement avec la Mère divine, la Kundalini-Shakti, qui s’élève du bas de la colonne vertébrale à sa rencontre. L’un des avantages de cette méthode est que les centres énergétiques situés dans le bassin, vitaux et subconscients, ne s’ouvre qu’en dernier ( à l’inverse du processus tantrique), parfois même longtemps après qu’ils aient été « percés », évitant ainsi au candidat d’être confronté trop rapidement avec les forces chaotiques et sauvages de la nature (c’est la raison pour laquelle les yogas traditionnels exigent absolument la présence d’un maître protecteur, pour éviter à l’adepte de sombrer dans la folie ou l’autodestruction). Le but du processus révolutionnaire envisagé par Sri Aurobindo n’est donc pas seulement de « monter » pour parvenir à la libération de la conscience hors de la matière, mais au contraire de « descendre » pour transformer la Vie et la Matière jusque dans ses constituants les plus intimes (spiritualisation de la nature).
Transfiguration
Van Rijckenborgh, de son côté, récuse les deux approches précédentes comme partielles et incomplètes et propose dans son enseignement une troisième voie, une troisième énergétique, qui unit et fusionne les deux visions précédentes. Elle mobilise trois kundalinis et non deux comme dans les autres formes de yogas, lesquelles excluent, de fait et structurellement, le pôle du cœur situé actuellement en dehors du système du « feu du serpent ». Selon lui, « redresser le cœur », c'est-à-dire éveiller le Kundalini dans le « sanctuaire » du cœur et replacer le centre du sentiment dans l’axe de celui de la tête et du bassin, représente la première tâche pour celui qui désire suivre le chemin de « l’initiation christique ».
En quoi consiste cette méthode de délivrance particulière que Van Rijckenborgh nomme « Transfiguration » et définit comme : « intervertir les personnalités terrestre et céleste », ce qui implique d’abord l’éveil de cette personnalité céleste par un changement fondamental de la penser, puis du désir (corps astral) et enfin une maîtrise des éthers (corps éthérique comme matrice d’un nouveau corps physique) ?
Pour la décrire, prenons d’abord une image classique, celle de la métamorphose de la chenille en papillon. Une chenille se fige dans la chrysalide qui curieusement prend très vite l’apparence extérieure du futur papillon. Pendant plusieurs mois rien ne se passe, tout du moins en apparence ; puis un jour, un miracle étonnant se produit : une nouvelle créature ailée émerge du cocon en déchirant l’enveloppe de la chrysalide. La chrysalide, l’enveloppe extérieure, avait l’air complètement inerte, comme morte. Pourtant, à l’intérieure, des changements remarquables avaient lieu.
Cette métaphore semble parfaitement s’appliquer à l’homme engagé dans le processus de « transfiguration ».Ce processus s’accomplit en trois phases « Détruisez ce temple, et en trois jours je le relèverai », parole de Jésus.
La première phase concerne la renaissance spirituelle, l’entrée de l’esprit dans le microcosme du corps humain, la seconde se rapporte à la renaissance de l’âme, à la nouvelle radiation de conscience qui prend forme dans le système du feu du serpent (le double système nerveux formé par les deux cordons du sympathique et l’axe cérébro-spinal), et la troisième a trait à la renaissance de l’être tout entier (transfiguration).
La naissance de la lumière
L’étincelle divine touche le cœur (c’est la grande différence avec les autres énergétiques qui trouvent leur origine soit dans le sacrum, soit dans la tête). Comment ?
Grace à l’existence d’un « organe » réflecteur, situé au sommet de du ventricule droit de notre cœur, que Van Rijckenborgh nomme « atome christique ». Ainsi naît dans et autour du cœur, un seul foyer puissant d’attouchement divin. Lorsque cette énergie christique peut pénétrer dans le cœur, elle influence par son activité rayonnante le thymus, glande à sécrétion interne située derrière le sternum, qui joue un rôle important dans le processus physiologiques de croissance, de défense et de régénérescence : celle-ci réagit à ce premier choc de lumière, à cette vibration nouvelle, et libère dans le sang une hormone, porteuse de nouvelles « valeurs éthériques », qui est transmise au sanctuaire de la tête par la circulation céphalique. Ainsi, une première relation s’établit entre le cœur et la tête, et des pensées nouvelles, différentes, se forment dans le champ de respiration (aura) du candidat...
Ce premier enflamment du sanctuaire de la tête marque donc le début d’une lutte très particulière qui bouleverse le système énergétique du corps. Si le candidat résiste aux pressions exercées sur sa conscience, la lumière-énergie libérée se concentre dans l’espace libre derrière l’os frontal, entre les deux arcades sourcilières…
Ensuite cette énergie descend le long du cordon droit du sympathique (pingala) jusqu’au plexus sacré. Ce processus d’involution s’accomplit en cinq étapes et correspond pour le candidat à « cinq épreuves », se rapportant la neutralisation du mouvement désordonné des chakras et à la maîtrise des forces qui s’y rattachent.Le premier chakra touché est, nous l’avons vu, celui du front : sa réorientation et sa nouvelle polarisation engendre une première rénovation des trois pouvoirs de la conscience : désir, pensée et vouloir.
Le feu de la kundalini du cœur influence ensuite le chakra de la gorge, qui est relié au larynx et à la thyroïde, et modifie l’assimilation des forces naturelles captées par la respiration. L’une des conséquences résultant de ce processus est le renouvellement du langage, l’apparition du vrai pouvoir de la parole, que les anciens symbolisaient par l’épée à double tranchant. A travers le larynx, situé entre la tête et le cœur, l’état réel de nos pensées et de nos sentiments se révélera, et un nouveau son se fera entendre.
Le troisième chakra, dont l’activité est modifiée par la descente du feu christique, est celui du cœur. Le conflit incessant entre la tête et le cœur, entre le sentiment et la raison, est la principale cause des désordres que nous constatons en nous et hors de nous. Parvenir à la pureté du cœur, à la maîtrise des passions, ouvrir l’organe du sentiment à la véritable foi, à la pitié et à la compassion, est la clé du nouveau devenir humain et l’unique voie possible « pour sortir de la barbarie des idées »(E.Morin). Toutefois, ce « redressement du cœur » n’a rien à voir avec une simple modification des sentiments, ni avec un refoulement des désirs ou une émotion mystique. La lumière divine ne pénètre que dans un sanctuaire du cœur apte à la recevoir. C’est pourquoi le chevalier spirituel qui a pu extraire l’épée de la pierre et a démontré par des actes concrets la pureté de ses intentions, reçoit ici pour mission de réaliser ce que la Langue Sacrée appelle la « fonte du Graal ». Les trois circuits des plexus nerveux du larynx, des poumons , et du cœur, reliés aux différents chakras, forment anatomiquement une esquisse de la coupe sacrée : le pied du calice repose dans l’orifice cardiaque, la tige se dresse dans les poumons, et la partie haute correspond au larynx. La construction envisagée ici n’est donc pas purement symbolique, mais correspond à une tâche bien réelle, qui consiste à rétablir organiquement l’unité entre les sanctuaires de la tête et du cœur, afin que l’esprit universel puisse se manifester dans l’âme humaine.
Si le feu christique peut franchir la porte du cœur, après avoir façonné » le vase sacré dans le plus pure cristal éthérique et que celui-ci démontre qu’il est capable de supporter le contact du feu céleste, une nouvelle purification a lieu, qui concerne les fonctions du métabolisme, et en particulier le système foie-rate, l’estomac, le pancréas, les reins, les glandes surrénales. Pénétrant toujours plus profondément dans les « ténèbres » du système humain, la vibration christique atteint le centres nerveux vitaux régissant les organes d’assimilation et d’épuration, et leur restitue la capacité de capter, stocker, transformer et rayonner la lumière spirituelle. C’est à ce processus de « manducation » , consistant littéralement à « manger la lumière », qu’a trait l’épisode évangélique de la Cène : « Prenez et mangez, ceci est mon corps » et « Buvez à cette coupe ».Ce phénomène de rétention de la lumière christique a pour effet de modifier la sécrétion interne des organes sexuels et de provoquer une réorientation totale de la force créatrice. C’est ainsi que l’homme naît véritablement de Dieu, qu’il est régénéré « non par une semence corruptible (comme c’est le cas dans l’initiation tantrique…) mais par une semence incorruptible », celle de l’ "activation christique". Quand les chakras du plexus solaire et du nombril sont conquis, le courant christique pénètre jusqu’au sacrum, où siège le « serpent lové », la fameuse Kundalini –Shakti (du Yoga) des ésotérismes indiens. C’est là , à la base de la colonne vertébrale, au « pôle sud » du système cérébro-spinal, qu’a lieu le combat contre le « dragon » ; une guerre contre les forces du passé, du karma accumulé au cours des incarnations successives. Nous comprenons par cette description que l’initiation christique diffère fondamentalement des autres méthodes, qui prennent pour point de départ l’éveil de la kundalini du bassin non purifiée, et s’efforcent de la faire monter vers le sommet de la tête, afin d’élargir le champ de conscience et de dissoudre le moi ; Contrairement à ce que croient beaucoup de chercheurs, victimes d’eux-mêmes et des enseigants en qui ils placent inconsidérément leur confiance, ce type pratiques n’aboutit en définitive qu’à un renforcement de la liaison avec l’être aural et à une obombrement de la conscience. Evolution et révolution.
Lorsque le mélange et la fusion des deux Feux peut être réalisée, au terme d’un processus de purification long et difficile , que l’âme nouvelle est totalement libérée du passé et de ses influences, nous voyons le courant d’énergie remonter par le cordon gauche du sympathique (ida) et revenir à son point de départ, derrière l’os frontal, entre les deux arcades sourcilières. Un nouveau feu du serpent, formé par les deux cordons du sympathique, se dresse au centre du microcosme humain, le sens de rotation inversé des chakras témoigne de sa « conversion » aux valeurs de la vie nouvelle.
Enfin, c’est la percée vers la pinéale, le chakra-couronne : la troisième source de la Kundalini s’ouvre, et la lumière spirituelle embrase le système cérébro-spinal, expulsant ainsi de sa demeure l’ancien moi, le feu-serpent naturel. A cet instant, pingala, ida et sushumna s’unissent et se fondent en une tri-unité parfaite, un nouveau corps de lumière, glorieux, se forme. Le triple temple de l’origine est maintenant reconstitué grâce à la force de la Kundalini. Conscient du prodige de l’unification qui s’est accompli en lui. Il peut, comme le christ-Jésus, témoigner de ce fait :
« Le père et moi sommes un »
http://feuducoeur.forumactif.org/
Commentaires
Merci Philippe !
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C'est une aventure au-dela des mots que de vivre dans les feux de la kundalini...totalement impregné...
Le Feu de la kundalini et le Feu de l'esprit Saint oeuvre ensemble....
ils menent a l'activation et a la constitution de nos corps de lumiere en conscience...
c'est par ce processus que les etres humains deviennent des Etres de Lumiere et d'Energie......
favre nous parle des 3 kundalinis...des montées et des descentes d'energies tout simplement...
l'union de la force ascendante et de la force descendante dans le Coeur enflamme l'etincelle Divine dans notre réalité...les Feux du Coeur et leur emanations vont alors s'etendre pas a pas ..de meme que d'autres feux.....
au dela de ces 3 kundalini......de l'eveil des feux de la tete,du bassin et du coeur,il y a tout un tas d'activations de structures a l'interieur de l'etre qui prennent vie s'energetissent et s'illuminent...
Bien a Toi
Philippe...